mardi 27 juillet 2010

Maternage kabyle


Pour savoir comment prendre soin de mes filles, j’avais lu, réfléchi, observé, revisité ma propre enfance, beaucoup parlé avec mon homme … puis, comme les héros des romans initiatiques qui partent très loin pour revenir tout près où tout les attendait, nous avions trouvé, non pas des solutions fermes et définitives, mais quelques repères sur lesquels fonder « notre » éducation. En évoquant les histoires initiatiques où le trésor est dans le jardin, je ne croyais pas si bien dire… Nous revenons d’un mois passé en kabylie dans la famille de mon mari. Nous étions dans un petit village planté sur une colline qui forme une pointe sur la mer, offrant une vue splendide sur un spectacle de méditerranée belle et bleue. La vie de ce petit village suit des règles qui viennent de la nuit des temps et qui pourraient trouver leur place dans un guide d’éco-habitat tant l’entre-aide et le partage y sont coutumiers. Nous étions dans une maison familiale où le pain quotidien est fait à la main, cuit dans un four auto-construit, les œufs viennent des poules qui courent à côté des enfants, et le lait de la chèvre devant la fenêtre de la cuisine, face à la mer. Nous étions dans une famille où les grands-parents étaient prêts à suivre leurs petits-enfants dans leurs multiples explorations, veillant simplement à les protéger du danger s’il s’approchait trop près. Les enfants pouvaient passer le balai, pétrir le pain, couper les courgettes avec de vrais couteaux et les remplir de farce comme si ça avait été de la pâte à modeler. L’allaitement est la règle, 3 ans souvent, toutes les femmes savent comment faire et combien c’est bon. Depuis que nous sommes passés, les petits sont à nouveau portés sur le dos, dans un tissu coloré qui sert aussi de tablier, la « foutha ». On ne les laisse pas pleurer, on ne les punit pas, on ne les frappe pas puisque « ça ne sert à rien ». Quand ils font quelque chose d’interdit, on les amène tranquillement vers une autre activité. Et c’est plutôt facile tant les bras sont nombreux et la colère absente « puisque ce sont des enfants ».