mercredi 1 janvier 2014

mardi 16 avril 2013

Vivre

« Vivre est la chose la plus rare au monde
la plupart des individus ne font qu'exister » 


Oscar Wilde

vendredi 4 janvier 2013

vendredi 21 septembre 2012

Cinq étoiles pour tenir notre monde

Les personnes que nous rencontrons ont du mal à s'empêcher de comparer nos enfants. Une fille exubérante et menue, parfois qualifiée de "difficile", qui semble adorer ou détester. Une autre fille douce chez qui tout paraît harmonieux... Leur différence d'âge réduite, 18 mois, et la grande taille de la petite les font souvent passer pour des jumelles. L'autre jour, nous avons eu envie de célébrer leur complémentarité pour nous aider à vivre autrement ces comparaisons : et si nous étions chacun de précieuses étoiles qui font tenir notre constellation familiale ? Notre aînée au caractère explosif agit souvent comme un sismographe ou un disjoncteur. Elle attire notre vigilance sur ce qui ne va pas sur notre chemin et nous ramène toujours à son essentiel : notre essence spirituelle. Je la remercie pour les précieuses informations qu'elle nous livre et la protection qu'elle assure ainsi, qui me permet en outre de me concentrer sur d'autres facettes de la vie autour de nous. Notre cadette, presque toujours attentive et généreuse, maintient le lien entre tous. Elle est pour moi l'incarnation de l'amour, elle m'aide à garder le contact avec cette part de moi, insondable, inviolable, que rien ne peut altérer ni ébranler -cette source qui est comme un lac d'une infinie tendresse. Ma fille qui a la place du milieu veille à ce que personne ne soit jamais oublié, même le tout petit frère. Avec ses sourires, ce dernier semble accomplir l’œuvre de ses sœurs : quand l'une nous a alertés, que la seconde nous a mis tous en selle et en union, le dernier nous rassure : le problème sera bientôt réglé. Pour chacun de nous parents, nous avons trouvé aussi un talent, une mission à célébrer. Ce sont les deux aînées qui les ont identifiées. Ce moment de partage sur nos contributions à la famille nous a fait, à tous, le plus grand bien. Nous l’avons achevé en déclarant que nous avions le droit, aussi, de ne plus assurer ces fonctions là quand nous n'en aurions plus envie. Je suis encore pleine de gratitude, pour ce moment passé ensemble et pour la vie qui nous a donné des enfants si grands et si complémentaires.   

jeudi 8 mars 2012

L'extraordinaire s'est invité dans l'ordinaire de nos vies


Il est venu dans nos rêves nous visiter
et c'est en Kabylie que tout a commencé
dans les youyous des deux ans d'Alix, face aux grands bleus de la méditerranée
où le chant des rires emmêle ciel et mer.
La grand-mère Rahma, déjà, avait deviné,
elle qui sait voir les subtiles lumières.
Nos filles aussi ont très vite su et déjà, pour elles, nous étions cinq,
tout semblait accompli alors que tout débutait.
Vint le jour où l’air palpita d’une tendresse particulière.
Nous fumes portés, guidés par une immense Paix.
Tout était si simple et tellement parfait !
Alors, nos filles qui écoutaient, tout près, naître leur petit frère
sont venues le saluer.
Depuis nous exultons de joie, remplis de gratitude et vibrant d'amour
pour la présence de ces enfants de lumière
qui nous sont confiés sur la terre.

Désormais dans notre famille il y a
une fille de l'automne, née par une nuit étoilée comme un soir de Noël
une maman de la même saison, surgie en trombe un matin chocolaté ;
un papa de l’hiver, arrivé un soir bleu méditerranée, les vagues à ses pieds
une fille de l’été, née le matin du solstice, à l’aurore de trois grandes fêtes, le jour de plus long de l’année
un bébé né à la fin de l’hiver un jour au goût de printemps
nous avions joué au jardin, pieds nus dans la terre quand il s’est approché, au soleil couchant.
Notre petit homme est né le 29 février 2012 à la maison.

Image Antoine Lanciaux

lundi 17 octobre 2011

la colère, une émotion qui dit tant...


Vendredi nous avions rendez vous à l'hôpital pour le suivi orthopédique de Pistache. Quand le médecin orthopédiste nous a reçues après deux heures d'attente dans une atmosphère très électrique (personnel surmené, parents épuisés, enfants affamés etc.), Pistache ne voulait pas qu'il l'ausculte. Elle s'est mise à crier en se jetant sur moi et en se débattant. Il a pu voir son dos vu sa position mais il a très mal accepté la réaction de ma fille et m'a souhaité bon courage quand je n'ai pas réagi à sa remarque sur les enfants colériques. Moi j'ai été surprise par la réaction de ma fille. J'ai pensé qu'une angoisse avait été réveillée là, avec l'arrivée du médecin en blouse blanche. Quand on est sorti elle m'a dit "maman prends moi je ne peux plus marcher". Le médecin a ricané "il ne manquerait plus que ça !" J'ai pris ma fille dans mes bras (bien sûr le gynéco dirait que ce n'est pas une bonne idée quand on est enceinte et qu'on doit se ménager) et quand nous nous sommes retrouvées dans un endroit seules toutes les trois avec sa petite sœur je lui ai demandé ce qui se passait (comme Pistache a été paraplégique quelques mois, ça ne venait pas de nulle part). Elle m'a demandé de lui raconter "quand elle était très malade". Alors j'ai dit depuis le début, ses douleurs neurologiques pas reconnues par la pédiatre, l'arrivée aux urgences après une visite chez l'ostéopathe, le pédiatre des urgences qui avait tout de suite diagnostiqué le neuroblastome, les nuits d'inquiétude, les jours de trouille, l'opération en neurochirurgie en urgence qui nous avait fait si peur, les six heures passées devant la salle de réveil sans savoir si elle était vivante, l'anesthésiste plein de sollicitude qui l'avait veillée cette nuit là en posant sa chaise devant elle et en m'assurant qu'il s'en occuperait comme de sa propre fille, le cathéter, ses pansements et ses infections, la chimio, les effets secondaires, les granules que je lui donnais en cachette, le lait de vache quelle vomissait, les tétées qu'elle gardait, la petite fille avec qui elle avait joué, les médecins formidables que nous avions rencontrés, les autres qui faisaient comme ils pouvaient, la colère qui avait été la nôtre et la sienne, parfois, contre ce système complexe, la force immense dont elle avait fait preuve, les trois nuits que nous n'avions pas pu passer ensemble (je ne connaissais pas encore nos droits, qui disent qu'on ne peut jamais interdire à un parent de rester au chevet de son enfant), les soins qui lui faisaient mal, le corset qu'elle avait du porter, les familles avec lesquels nous partagions les chambres, les appareils qui sonnaient jour et nuit, sa fragilité immunitaire, la seconde opération qui s'était déroulée dans des conditions excellentes, l'aide soignante qui m'avait aidée à la mettre au sein dès le réveil malgré les drains et tubulures diverses, le chirurgien qui avait dit qu'il n'avait jamais vu de toute sa carrière un enfant se remettre aussi vite d'une telle opération, tout l'amour qui l'avait entouré, tous les gens qui avaient pensé à elle, prié pour elle, toute la puissance qui était la sienne. Elle a pris une grande respiration, m'a regardé et m'a dit "j'étais toute petite maman, c’était dur". Calme et épuisée, elle s'est alors endormie dans l'auto. Qu'est ce que nous aurions raté en faisant diversion ou en supprimant l'émotion "inacceptable"...

lundi 8 août 2011

Equivalence



L'idée d'équivalence trotte dans ma tête depuis le printemps. Elle a surgi au cours d'un stage de 6 jours de sociocratie où j'ai pu la vivre du côté de « l 'apprenant » avec un couple de formateurs pétris de communication non violente et … d'équivalence. Pour moi ce fut si bon ! D'habitude, face à un formateur ou à un supérieur de tout ordre, ma part rebelle s'élève, ne serait-ce qu'un instant, pour vérifier que je conserve mon libre arbitre. Cette fois, rien de tout ça. Personne qui cherche à rentrer de force quelque chose dans mon être contre quoi j'aurais eu envie de m'insurger. Cela m'a renforcée dans l'idée que je pouvais vivre l'équivalence avec les enfants, contrairement à tout ce qu'on me sert ("les enfants ont besoin de se laisser prendre en charge par des adultes, les adultes savent ce qui est bon pour eux, les enfants ont besoin d'autorité,..."). J'avais bien perçu, dans le regard des nouveaux nés, que la sagesse ne se mesurait pas à la taille du corps. J'avais bien senti qu'en me mettant à la hauteur des tout petits je ne m'abaissais pas. J'avais bien ressenti qu'en donnant à leur élan autant de poids qu'au mien, nous étions vivants, joyeux et en harmonie. J'aurais pu me demander qui enseignait l'autre quand je me promenais avec mes filles et que nous observions la nature. Il y a un mois, je venais de recevoir une camera qu'on m'avait donnée et dont je ne connaissais pas le mode d'emploi. Pistache l'a sortie du carton, et en trois minutes elle savait déjà s'en servir. Depuis, elle ne l'a jamais abîmée. Tout cela me confirmait dans l'idée que, si j'avais bien à protéger mes filles de certains dangers dont elles n'avaient pas conscience (les voitures sur la route notamment) et leur expliquer le mode de vie des humains sur la terre, elles avaient mille autre choses à m'apprendre, et nous en avions plus encore à vivre ensemble à égalité. Mais je n'étais pas encore sûre de là façon dont elles pouvaient vivre cela. En étant en position de "petit" face à un savoir et, sans doute pour la première fois de ma vie, regardée néanmoins comme un équivalent, j'ai fait l'expérience de la joie d'apprendre avec tout mon être, sans être perturbée par des émotions de rébellion ou de soumission. C'est un immense cadeau que j'ai reçu au printemps et qui me nourrit encore à l'instant où j'écris.